L'heure de la chasse avait sonné.
Des oiseaux s'envolèrent en piaillant de la cime des arbres tandis que les sabots des cervidés faisaient trembler le sol dans une fuite tumultueuse . Des yeux jaunes s'allumèrent dans le noir comme les loups se déployaient pour attraper leurs proies. Le froissement des feuilles sèches sous les pattes agiles des prédateurs affolaient l'ouïe fine des biches à la course précipitée. L'heure de la chasse avait sonné. Les loups majestueux virent une biche s'écarter de la harde. Leur voix lugubre et glaçante à nouveau s'éleva tandis qu'ils encerclaient leur victime pantelante dont l'œil d'or plein de larmes reflétait, résigné, les crocs immaculés qui s'apprêtaient à la déchirer.
L'heure de la chasse avait sonné.
Mais soudain ils se turent, les chasseurs de la nuit, et leurs oreilles s'agitèrent. Car tout près dans la nuit s'élevait le chant solitaire de la voix pure et claire qui semblait si lointaine avant la chasse... Un nuage couvrit le disque lunaire et la découvrit tandis qu'ils écoutaient, immobiles autours de leur proie épuisée. Seulement la proie avait disparu : à sa place se tenait une jeune femme aux longs cheveux couleur de lune vêtue d'une robe blanche ; et la tête levée vers les étoiles, elle tissait le charme qui tenait les loups avec les notes éthérées qui sortaient de sa bouche.
Alors les fiers prédateurs, tout doucement, s'éloignèrent et quand le chant se tut au matin, une biche blanche quitta la clairière qu'ils avaient déserté, saine et sauve.
©eryndel