Cette expression reflète pourtant bien le monde dans lequel vit le petit rat de l'opéra qui lui a servi de modèle, Marie von Goethem : issue d'une famille belge, elle est engagée par l'Opéra à l'âge de quatorze ans et pose pour Degas afin d'apporter de quoi subsister à sa mère et ses sœurs, toutes deux également à l'Opéra. Malheureusement, elle fréquentait avec son aînée les cabarets de Paris et autres lieux interlopes. En 1983, elle est arrêté au Chat Noir pour le vol d'un portefeuille, ce qui entraîne son renvoi de l'Opéra et celui de sa sœur aînée. Alors qu'elle mènera une vie de débauche suite à sa libération, gagnant sa vie par des moyens douteux, la cadette, restée à l'Opéra, finira par y devenir professeur de danse.
C'est l'histoire de Marie et le ressenti du public du XIXème face à sa statue que j'essaie de traduire dans ce poème...
La petite danseuse était si gracieuse,
Nonchalamment affaissée dans son bustier
En quatrième position, bras croisés
Fière de son tutu de gaze vaporeuse
Une étincelle de mépris
Luit entre ses paupières closes
Le nez levé, les joues bien roses,
Froidement, la fière se rit
Des visiteurs qui la contemplent,
Des badauds restant bouche bée
Devant sa vitrine, choqués
- Elle est si réelle en son temple !
La petite danseuse était si gracieuse,
Nonchalamment affaissée dans son bustier
En quatrième position, bras croisés
Fière de son tutu de gaze vaporeuse
Une profonde rêverie
Passe sur son charmant visage
Levé bien haut vers les nuages,
Une sombre mélancolie...
Sera-t-elle un jour coryphée,
Etoile même, et glorieuse ?
Non car elle finira voleuse,
Par la misère débauchée
La petite danseuse était si gracieuse,
Nonchalamment affaissée dans son bustier
En quatrième position, bras croisés
Fière de son tutu de gaze vaporeuse
Sa statue de cire si belle
Puis celle de bronze, immortelle
Demeurent danseuse pour elle
Qui a trop tôt perdu ses ailes...
©eryndel
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